Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne vaincue est divisée en quatre zones d'occupation. Partout, des enfants naissent des rapprochements - pourtant proscrits et parfois non consentis - entre soldats alliés et femmes allemandes. Si les Britanniques, les Américains et les Soviétiques considerent ces grossesses comme des affaires privées, les Français y voient l'opportunité de repeupler la patrie. En mars 1946, le gouvernement militaire de la zone d'occupation ordonne aux autorités allemandes de signaler tout enfant dont au moins un des parents est ressortissant français. Parallelement, a Paris, le ministere de la Santé publique et de la Population met sur pied un plan de transfert. Sous la pression conjointe de leur famille et des officiers de recherche, de nombreuses femmes, stigmatisées pour avoir frayé avec l'ennemi et contraintes par la misere, se résolvent ainsi a abandonner leur bébé. Soixante-quinze ans plus tard, Marie-José et Claudine, respectivement prénommées Marie et Margarete a leur naissance en 1946, cherchent encore, avec l'appui d'associations de part et d'autre du Rhin, a faire la lumiere sur les premiers mois de leur vie... Démographie et génétique Jouets de stratégies politiques - démographiques d'un côté, économiques de l'autre, les Allemands y voyant des bouches de moins a nourrir -, 1 000 a 1 500 enfants seraient passés par des pouponnieres de la Croix-Rouge avant d'etre adoptés en France. Les métis, nés de soldats venus des colonies, étaient envoyés en Algérie, tandis que les plus faibles et les dénutris, sous couvert de paternité non prouvée, étaient rendus a leur mere ou placés dans des orphelinats allemands. Aux côtés de Claudine et de Marie-José, suivies dans leur poignante quete de réponses, ce documentaire étayé d'éclairages d'historiens leve le voile sur un épisode méconnu de l'apres-guerre - les autorités françaises ayant effacé les traces de ces procédures -, qui a pris fin au lendemain de la création de la RFA.