En 1961, dans un bourg de montagne calabrais, les villageois se rassemblent pour découvrir, sur l'unique poste de télévision de la communauté, un reportage sur la tour Pirelli de Milan, alors l'un des gratte-ciel les plus hauts d'Europe. Au meme moment, une équipe de jeunes spéléologues enthousiastes, venus du nord de l'Italie, débarquent pour explorer a proximité le gouffre du Bifurto, d'une profondeur inconnue. En altitude, un vieux vacher les observe... Poésie de l'abîme Cinéaste rare, auteur de seulement trois longs métrages en vingt ans, Michelangelo Frammartino a filmé chacun de ses opus en Calabre, terre de ses origines, que son pere a laissée derriere lui pour Milan au tout début des années 1960. Ses précédents films, Il dono (2003) et surtout Le quattro volte (2010) ont révélé son regard si particulier, qui porte une attention égale au vivant, qu'il soit humain, animal, végétal ou minéral. Dans Il buco ("le gouffre" en italien), le réalisateur approfondit ce regard, sorte d'arte povera appliqué au cinéma, pour restituer les vertiges éprouvés par les jeunes spéléologues piémontais dans leur exploration de l'abîme aussi bien que le souffle qui s'éteint dans le corps fatigué d'un vieil homme. Outre la prouesse technique du tournage en conditions réelles d'une descente a 683 metres de profondeur, la splendide photographie du maestro Renato Berta, chef opérateur, entre autres, de Resnais, Guédiguian ou Godard, magnifie les entrailles de la terre, animant d'un éclat magique les parois des grottes souterraines. A la surface, l'imposant et paisible massif du Pollino, au sud des Apennins, accueille bergers et explorateurs, vaches et chevaux, dans son cadre immuable. Par ses partis pris artistiques - prises de vues distanciées, pas de dialogues intelligibles, mais des sons et des échos -, Michelangelo Frammartino nimbe d'une poésie contemplative l'insondable mystere de la nature environnante.